La vogue des
embaumements fut considérable en Amérique,
grâce à la vente du brevet à La Nouvelle
Orléans et grâce à un autre fait
inattendu... :
La guerre de Sécession.
Pour permettre le
convoi des corps des officiers et soldats,
le pays étant alors dépourvu de moyens de transport, le chirurgien Thomas Holmes
s'inspira de l'exemple de son collègue de la grande armée.
Il en effectua un grand nombre et connu une notoriété qui survécut à la fin des
hostilités.
Les USA sont de nos
jours, le pays où les soins thanatopraxiques sont le plus en honneur.
Ils sont presque systématiquement pratiqués, de même qu'au Canada,
alors qu'en Europe un peu moins de 3% des
défunts reçoivent ces soins.
Il convient toutefois
de dire qu'actuellement, la thanatopraxie se développe en Europe .
Il en est de ces méthodes comme beaucoup d'autres, qui nées sur le vieux
continent,
ne connaissent leur véritable audience qu'en revenant du Nouveau-monde.
La thanatopraxie
moderne
Actuellement, le procédé de Gannal a donc
supplanté tous les autres.
Ni la radio-pasteurisation
(pourtant précieuse pour la conservation des denrées alimentaires
et des produits pharmaceutiques),
ni la congélation (qui n'est utilisable
qu'à court terme),
ni la galvanoplastie de Variot,
ne peuvent prétendre rivaliser,
sur le plan de la simplicité et de la qualité des résultats,
avec les méthodes mises au point par Gannal
sur les affûts de canon
pendant les bivouacs enneigés.
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La méthode consiste à réaliser un véritable rinçage tissulaire en
injectant dans les artères un liquide antiseptique et fixateur, et en le drainant par les
veines.
Les viscères de la
cavité abdominale sont ponctionnés
au trocart et évacués de leur contenu par aspiration.
Ils reçoivent une injection analogue,
ainsi que la cavité péritonéale. |
Quelques
soins d'ordre esthétique complètent l'uvre du thanatopracteur.
Le procédé est simple et peut être exécuté au domicile.
Il ne nécessite
aucune mutilation, aucune extirpation de viscère.
Il ne laisse quasiment aucune trace.
Il suspend dans les
meilleures conditions l'autolyse cadavérique
et contrairement aux méthodes anciennes d'embaumement,
ne provoque pas de déshydratation tissulaire.
Les injections se
font dans les artères carotides, axillaires et fémorales,
dont l'accès est aisé.
Le drainage veineux se fait par les jugulaires et les veines correspondantes des membres.
Les firmes
pharmaceutiques ont trouvé dans la thanatopraxie
un marché assez considérable
et nombreux sont les produits sur les vertus desquels elles ne tarissent guère.
Ils sont tous à base d'aldéhyde formique,
c'est-à-dire de banal formol
et ne diffèrent que par les ingrédients que l'on y a ajouté
pour pouvoir les commercialiser sous des noms différents.
La concentration en formol ne doit pas être
excessive
afin d'éviter la thrombose des petits
vaisseaux.
Mais la solution destinée à aseptiser les viscères et la cavité abdominale
peut être plus énergique.
La quantité de
fluide injectée doit être légèrement supérieure
à la masse théorique du sang puisqu'elle est destinée à le substituer.
En moyenne, on perfuse huit à dix litres en un quart d'heure environ.
Et comme cette substitution provoque une décoloration fâcheuse des téguments,
on obvie en ajoutant un colorant : de l'amarante
ou de l'éosine.
Par ailleurs, quelques soins d'ordre cosmétique
au niveau du visage et des mains terminent la toilette funéraire.
Ils restent discrets en France, se contentant à restituer au cadavre une
physionomie
qui présentera le moins possible de signes secondaires de la mort.
Ils sont sensiblement plus poussés, outre-atlantique.
Les résultats
obtenus sont régulièrement satisfaisants.
Seules quelques éventualités assez rares
exigent que le thanatopracteur ait recours à des artifices :
Sujets décédés d'embolie, obésité excessive, ictère franc, dèmes volumineux
,
grossesse avancée, mort par pendaison ou strangulation.
Il n'y a pas lieu d'entrer ici dans le détail des procédés qui permettent d'y
obvier,
mais on peut dire qu'aucune de ces difficultés n'est insurmontable.
En ce domaine nous parvenons à faire à peu près ce qui est recherché.
Bref, nous sommes
devenus presque aussi savants que les Égyptiens...
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