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LE SITE CULTUREL DE THANATOPRAXIE

 

Origines :

Thanatos : Dieu de la mort.

 

TerminologiePraxien  :  Manipuler, Traiter.
C'est un ensemble de soins apportés au mort. 
L'embaumement n'en est qu'une déclinaison.

Guerre de Sécession
Le docteur Holmes, Américain généraliste, trouve le procédé d'application de neige carbonique ("carboglace").

Définition
La thanatopraxie retarde la dégradation biochimique par injection d'un liquide stérilisateur, qui rend inaltérable le corps pour plusieurs semaines.


Jean-Nicolas Gannal (1791-1851)
 met au point les premières techniques de conservation temporaire.

Utilisant le principe de la circulation sanguine, 
J.-N. Gannal passe la majeure partie de sa vie 
à mettre au point une technique d'injection artérielle 
pour permettre aux liquides conservateurs 
d'imprégner la totalité des organes et des tissus cadavériques.

Chimiste, ami de Gay-Lussac
il analyse scientifiquement les résultats obtenus avec les différents produits
et les sélectionne. 
Pharmacien de la grande armée, 
il a maintes occasions d'expérimenter son procédé 
lors des rapatriements des corps au cours de la retraite de Russie.

C'est au bon droit qu'on le considère comme le rénovateur de l'embaumement. 

Si nous avons trouvé mieux que lui 
en ce qui a trait à la nature du fluide à injecter, 
c'est toujours le principe de sa méthode que nous utilisons.

Gannal disait qu'une bonne technique devait s'assigner quatre buts : 
Elle devait être "évacuatrice", "réplétive", "antiseptique" et "conservatrice".

Il ajoutait qu'il fallait qu'elle soit 
"facile", "rapide", "sans danger pour l'opérateur" 
et suprême raffinement  "sans inconvénient pour les instruments".

Il tâtonna dans ses recherches du fluide. 
Il essaya tour à tour le phosphate de chaux, le nitrate de potasse
le banal sel de cuisine, l'alun, l'acide arsénieux, le sublimé, l'acétate
le sulfate d'alumine... et j'en passe. 
La plupart de ces produits sont tombés depuis en désuétude.

La description de son procédé, qu'il publia en 1835, 
connu un retentissement extraordinaire 
dans le milieu scientifique du monde entier. 
Il obtint de Louis-Philippe l'autorisation de faire pratiquer des exhumations 
pour apporter la preuve de l'excellence de sa méthode.

En 1840, à l'apogée de sa célébrité, 
il vendit son brevet à l'Angleterre, à la Russie, à Constantinople
à Nice, à l'île Maurice, à Cuba et surtout à La Nouvelle Orléans.

En 1848, peu avant son abdication, 
Louis-Philippe interdit l'usage de l'arsenic et du sublimé
Ce n'était que trop compréhensible. 
Nous n'étions plus, certes, à la belle époque de la "poudre à succession
chère à Lavoisin et à la Marquise de Brinvilliers
mais la tentation permanente et l'affaire Lafarge de 1840 
venait de faire grand bruit.

Il n'était question dans les hôtels du faubourg, que des discussions passionnées et des passes armes échangées aux assises de Brive entre Orfila et Raspail
le premier convaincu que le maître de forge avait été bel et bien empoisonné 
par sa jeune épouse, 
le second se faisant fort de trouver de l'arsenic dans n'importe quoi : 
"Dans le bois de votre fauteuil, Monsieur le Président ...!"

Il était temps d'en réglementer l'usage. 
Ce furent alors les sels d'alumine que Gannal utilisa. 
Et c'est Baudrian, l'embaumeur de Gambetta, qui se montra précurseur 
utilisant pour la première fois le formol.

 

Molécule de formol
(Appellation chimique "méthanal")

 

Formule chimique CH2O :

C : Carbone : Atome noir

H : Hydrogène : Atome blanc

O : Oxygène : Atome rouge

 

La vogue des embaumements fut considérable en Amérique
grâce à la vente du brevet à La Nouvelle Orléans et grâce à un autre fait inattendu... : 
La guerre de Sécession.

Pour permettre le convoi des corps des officiers et soldats, 
le pays étant alors dépourvu de moyens de transport, le chirurgien Thomas Holmes
 s'inspira de l'exemple de son collègue de la grande armée. 
Il en effectua un grand nombre et connu une notoriété qui survécut à la fin des hostilités.

Les USA sont de nos jours, le pays où les soins thanatopraxiques sont le plus en honneur. 
Ils sont presque systématiquement pratiqués, de même qu'au Canada
alors qu'en Europe un peu moins de 3% des défunts reçoivent ces soins.

Il convient toutefois de dire qu'actuellement, la thanatopraxie se développe en Europe
Il en est de ces méthodes comme beaucoup d'autres, qui nées sur le vieux continent, 
ne connaissent leur véritable audience qu'en revenant du Nouveau-monde.

 

La thanatopraxie moderne


Actuellement, le procédé de Gannal a donc supplanté tous les autres.

Ni la radio-pasteurisation 
(pourtant précieuse pour la conservation des denrées alimentaires 
et des produits pharmaceutiques), 
ni la congélation (qui n'est utilisable qu'à court terme), 
ni la galvanoplastie de Variot
ne peuvent prétendre rivaliser, 
sur le plan de la simplicité et de la qualité des résultats, 
avec les méthodes mises au point par Gannal sur les affûts de canon 
pendant les bivouacs enneigés.

 


La méthode consiste à réaliser un véritable rinçage tissulaire en injectant dans les artères un liquide antiseptique et fixateur, et en le drainant par les veines.

Les viscères de la cavité abdominale sont ponctionnés 
au trocart et évacués de leur contenu par aspiration.
Ils reçoivent une injection analogue, 
ainsi que la cavité péritonéale.

Quelques soins d'ordre esthétique complètent l'œuvre du thanatopracteur. 
Le procédé est simple et peut être exécuté au domicile.

Il ne nécessite aucune mutilation, aucune extirpation de viscère. 
Il ne laisse quasiment aucune trace.

Il suspend dans les meilleures conditions l'autolyse cadavérique 
et contrairement aux méthodes anciennes d'embaumement, 
ne provoque pas de déshydratation tissulaire.

Les injections se font dans les artères carotides, axillaires et fémorales, 
dont l'accès est aisé. 
Le drainage veineux se fait par les jugulaires et les veines correspondantes des membres.

Les firmes pharmaceutiques ont trouvé dans la thanatopraxie 
un marché assez considérable 
et nombreux sont les produits sur les vertus desquels elles ne tarissent guère. 
Ils sont tous à base d'aldéhyde formique, c'est-à-dire de banal formol 
et ne diffèrent que par les ingrédients que l'on y a ajouté 
pour pouvoir les commercialiser sous des noms différents. 
La concentration en formol ne doit pas être excessive 
afin d'éviter la thrombose des petits vaisseaux. 
Mais la solution destinée à aseptiser les viscères et la cavité abdominale 
peut être plus énergique.

La quantité de fluide injectée doit être légèrement supérieure 
à la masse théorique du sang puisqu'elle est destinée à le substituer. 
En moyenne, on perfuse huit à dix litres en un quart d'heure environ. 
Et comme cette substitution provoque une décoloration fâcheuse des téguments, 
on obvie en ajoutant un colorant : de l'amarante ou de l'éosine.


Par ailleurs, quelques soins d'ordre cosmétique 
au niveau du visage et des mains terminent la toilette funéraire. 
Ils restent discrets en France, se contentant à restituer au cadavre une physionomie 
qui présentera le moins possible de signes secondaires de la mort. 
Ils sont sensiblement plus poussés, outre-atlantique.

Les résultats obtenus sont régulièrement satisfaisants. 
Seules quelques éventualités assez rares 
exigent que le thanatopracteur ait recours à des artifices : 
Sujets décédés d'embolie, obésité excessive, ictère franc, œdèmes volumineux , 
grossesse avancée, mort par pendaison ou strangulation. 
Il n'y a pas lieu d'entrer ici dans le détail des procédés qui permettent d'y obvier, 
mais on peut dire qu'aucune de ces difficultés n'est insurmontable. 
En ce domaine nous parvenons à faire à peu près ce qui est recherché.

Bref, nous sommes devenus presque aussi savants que les Égyptiens...

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