Claude Nachin
Les troubles mentaux
aigus à la suite d'un deuil sont connus depuis
toujours :
Mélancolie de deuil avec son risque suicidaire, manie de deuil dont
l'agitation aiguë contraste violemment avec la conduite attendue d'un
endeuillé et bouffée délirante avec hallucination de désir qui font
revivre illusoirement le défunt.
Certains de mes
malades du deuil ont présenté des troubles similaires
au moment de la perte de leur objet d'amour : Réactions d'excitation
hypermaniaque habituellement, mais aussi moments de confusion
spectaculaires et brefs.
Ces réactions sont bien comprises par l'entourage et le médecin, surtout
lorsqu'il s'agit d'un deuil imprévisible.
Par la suite, les
troubles divers qui réapparaissent sans continuité
directe avec les premières manifestations ne sont plus reliés au
deuil initial ni par le patient, ni par son entourage et ses médecins.
Surtout, la plupart des futurs malades du deuil ont pu garder secret
leur malaise initial rapidement refoulé, et sa trace ne sera retrouvée
qu'au cours du travail psychanalytique.
Au départ,
l'incompréhension est générale.
Les maladies du deuil masqué sont plus fréquentes et plus importantes
par leur évolution de longue durée que les troubles mentaux aigus
du deuil.
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